Proverbe/citation du jour
« La misère a cela de bon qu'elle supprime la crainte des voleurs. » -Allais (Alphonse)
Photo: Patrick Sanfaçon, La Presse
Arrestation de la fille d'Amir Khadir
Parmi les étudiants qui ont participé au blocage du pont Champlain dans la région de Montréal mardi dernier figure Yalda Machouf-Khadir, la fille du député de Québec solidaire Amir Khadir.
La jeune dame a été interceptée par deux agents de police lorsqu'elle quittait les lieux du blocage avec un autre groupe. Elle a été immobilisée, amenée dans une voiture et identifiée. On lui reproche d'avoir entravé la voie publique. Elle devrait recevoir par la poste une contravention de 494$ pour avoir posé ce geste.
L'étudiante du cégep du Vieux Montréal se dit outrée du traitement qu'elle a subi, clamant qu'elle est la seule qui a été traitée de la sorte à ce moment.
Son père a refusé de commenter l'incident mais a participé à un débat sur le droit de manifester et sur le blocage du pont mercredi à l'Assemblée nationale : «Quand on évoque des choses comme l'obstruction des ponts, etc., c'est sûr que ce n'est jamais quelque chose qui peut être plaisant pour ceux qui le subissent, ce n'est jamais quelque chose qu'on peut appuyer. Cependant, la réalité est que, de mon point de vue, la principale obstruction sur le pont qui doit relier la jeunesse d'aujourd'hui avec son avenir, c'est le gouvernement actuel.»
Yalda Machouf-Khadir se plaint du traitement musclé qu'on lui a réservé. Or, il se pourrait bien que la jeune dame ait « poussé le bouchon » trop loin pour être traitée de la sorte. Si papa lance des souliers sur une photo de George W. Bush ou manifeste pour nuire à un marchant qui vend des chaussures israéliennes, la fille est bien capable de poser elle aussi des geste comparables.
Ce n'est pas la première fois que cette étudiante fait parler d'elle dans les médias. Pancarte à la main, elle déclarait, lors d'une manifestation organisée durant l'été 2010 à Montréal par la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC), pour dénoncer les 900 arrestations qu'a faites la police le week-end précédent en marge du sommet du G20, à Toronto : «C'est un droit démocratique de manifester. On a voulu faire taire la dissidence et c'est inacceptable.»
Advenant le cas où la dame ou son père aurait envie de se plaindre du traitement subi et des 494$ à payer en contravention, nous pouvons leur rappeler que dans l'Iran natal d'Amir, contrevenir à la loi de la manière qu'ils l'ont fait ici, en criant contre le régime, en bloquant un pont ou en lançant un soulier sur une photo des leaders du pays, cela veut dire la prison, la matraque, des balles en caoutchouc ou pire encore, en métal, un emprisonnement sans droit réel à un avocat, la possibilité d'un viol et d'un tabassage en règle, et peut-être même une pendaison publique à une grue pour trahison. Pourtant, on n'entend jamais ni Yalda Machouf-Khadir ni Amir Khadir dénoncer les manquements graves à la démocratie ailleurs dans le monde.
En comparant Yalda Machouf-Khadir à son père, Linda, une lectrice de mon blog m'a mentionné hier qu : «Une pomme ne tombe jamais loin du pommier!»
Pour plus de détails :
«Ce printemps, ensemble, bloquons la hausse!»
Avez-vous vu le fameux vidéo «Ce printemps, ensemble, bloquons la hausse!» produit en support aux étudiants manifestant contre la hausse des frais de scolarité et regroupant divers artistes comme Paul Piché, Julien Poulin, Michel Rivard, quelques autres que je ne peux malheureusement identifier, mais aussi une personnalité connue en Haute-Gaspésie, Armand Vaillancourt.
Facile pour ce groupe de personnes de contester de la sorte : ils bénéficient tous des taxes et des impôts payés par d'autres contribuables pour recevoir leur cachet d'artiste ou pour faire subventionner leurs albums de musique, leurs films, ou bien leurs oeuvres d'art, comme c'est le cas avec Armand Vaillancourt, grâce auquel les habitants de Sainte-Anne-des-Monts ont droit à ce magnifique monument visible près du quai local :
J'ai une suggestion à faire aux artistes pour aider à contrer la hausse des frais de scolarité : coupons toutes les subventions liées à l'art et à la culture au Québec et consacrons toutes ces sommes au système éducatif de la province.
Pour conclure, dites-vous que l'argent dépensé pour créer « l'oeuvre » d'Armand Vaillancourt à Sainte-Anne-des-Monts par exemple (tiens, je vais user comme Yalda Machouf-Khadir de mon droit de manifester en disant que je trouve que le tout est dégueulasse, affreux et un bel exemple de pollution visuelle, mais ça, venant de moi, est probablement inacceptable parce que je ne suis pas un «artiste») aurait très bien pu servir à la place dans le système éducatif pour former un médecin en obstétrique dont la Haute-Gaspésie aurait bien besoin.
Un nouveau vote au cégep de Rimouski aujourd'hui
Je vous ai fait mention hier dans un billet d'irrégularités dans le vote de grève qui s'est déroulé le 20 mars dernier au cégep de Rimouski, alors qu'un premier vote majoritaire contre la grève a été renversé par un second vote tenu après le départ de plusieurs étudiants présents lors de l'assemblée.
L’Association générale des étudiants du Cégep de Rimouski convoque les personnes fréquentant l'établissement à une nouvelle assemblée spéciale qui se déroule aujourd'hui, le vendredi 23 mars, à 14h.
Mon billet d'hier a eu comme réponse un commentaire anonyme provenant visiblement d'une personne pour la grève : «L'assemblée est souveraine. Il peut y avoir recomptage lors d'un vote serré. Si l'inverse se serait produit, il se serait produit. Les règles ont été respectés. c'est tout!»
Cher Anonyme, je me demande justement si, advenant le cas où le «Pour» l'avait remporté, vous et les supporteur de votre camp auriez accepté si aisément un second vote à cause d'un résultat «serré». Votre nouveau vote a eu lieu alors que vous saviez très bien que de nombreuses personnes du camp contre la grève avaient quitté la salle. Il s'agit d'une manoeuvre vraiment «sale» de votre part. Vous n'auriez jamais accepté que le camp des "Contre" ait droit à un nouveau vote si vous aviez remporté dès le début.
J'estime qu'on a ici un parfait exemple de l'attitude de la gauche militante québécoise : tout le monde a droit à son point de vue, mais le meilleur point de vue ne peut être que le vôtre et au nom de votre "conscience sociale" des gestes croches inacceptables s'ils sont posés par la droite deviennent tout à coup justifiés et nobles si c'est vous qui les posez...
Remarquez aussi que le commentaire est «anonyme». C'est un parfait équivalent de ce que font les manifestants masqués appuyant votre cause et qui cassent tout pour ensuite brailler à la brutalité policière. Si vous avez le courage de vos opinions, identifiez-vous, sinon vos commentaires ne valent RIEN.
Je vous propose finalement une copie de la lettre écrite par des jeunes du cégep s'opposant à la grève, lettre qui a été expédiée à divers médias et au maire de Rimouski :
21 mars 2012
Bonjour,
Nous sommes actuellement étudiants au Cégep de Rimouski. À l’image de l’ensemble de la communauté étudiante du Québec, nous sommes plongés dans le débat de la hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement libéral de Jean Charest. Nous faisons partie des quelque 207 000 étudiants actuellement en grève générale illimitée, et ce depuis le mercredi 29 février dernier. La présente n’est pas pour présenter notre opinion personnelle par rapport à cette hausse, mais plutôt pour dénoncer un acte antidémocratique qui, selon nous, vient enlever une très grande crédibilité au mouvement étudiant. En ce 20 mars 2012, tous les étudiants du Cégep de Rimouski étaient convoqués à une assemblée générale extraordinaire dans le but de voter la reconduction de la grève générale illimitée jusqu’au mardi 27 mars 2012. Le tout se déroula sans problèmes évidents jusqu’au moment où la proposition initiale de reconduction devait être votée. Les étudiants, répartis dans 4 salles différentes, sont passés au vote à main levée tandis que des employés du Cégep s’affairaient à faire le décompte des gens POUR la reconduction et des gens CONTRE la reconduction. Le résultat de ce vote fût très serré : 620 étudiants contre et 598 étudiants pour. C’est donc dire que la grève devait être levée et les étudiants devaient retourner en classe dans les plus brefs délais. C’est alors qu’un grand nombre d’étudiants contre la grève ont manifesté leur joie, et ont quitté les différentes salles croyant que l’assemblée était terminée. Il faut mentionner que celle-ci durait depuis plus de 2h30 déjà. Toutefois, il restait quelques points déterminants à traiter à l’ordre du jour, et ceci n’était pas spécifié clairement dans toutes les salles. De plus, les représentants de l’Association des étudiants du Cégep qui étaient responsables de garder les gens attentifs aux derniers points à l’ordre du jour n’ont aucunement fait leur travail. C’est malheureux parce que plusieurs étudiants ont quitté sans savoir qu’il y avait d’autres décisions déterminantes à prendre. C’est alors qu’après un délai de 6 minutes ayant suivi l’annonce du résultat du vote, un militant du POUR a revendiqué un recomptage auprès du président d’assemblée. Celui-ci a immédiatement rejeté la proposition, indiquant que le vote ne serait pas « Fair-play » étant donné le nombre d’étudiants qui avaient déjà disposé. Après un processus d’appel directement influencé par le nombre d’étudiants étant restés, un nouveau vote a eu lieu. Résultat final : 603 POUR et 526 CONTRE. La grève fut reconduite.
Nous avons de la difficulté à saisir comment ce vote peut être jugé comme étant démocratique. Par quel motif un vote de recomptage a pu être accepté 6 minutes après le verdict initial? Alors qu’une partie des étudiants qui avaient initialement voté avait déjà quitté les différentes salles. C’est injuste dans la mesure où plusieurs étudiants n’ont pu exprimer leur point de vue (en majorité contre) lors du vote de recomptage. De plus, le recomptage a été proposé par un membre de l’Association étudiante (AGECR) qui est reconnu pour être un fervent militant du pour. Selon les fondements d’une association étudiante, celle-ci se doit de représenter l’ensemble de ses membres (les étudiants) en faisant preuve de neutralité dans toutes les décisions. Or, l’AGECR ne devait-elle pas accepter le verdict initial puisque ses propres membres en ont voté ainsi? De plus, pourquoi les responsables de l’AGECR n’ont pas retenu les quelque 100 étudiants qui ont quitté les salles croyant que tout était terminé, et que leur droit d’étudier leur était finalement redonné? Nous ne voulons pas crier au complot ou présenter une théorie de conspiration, mais cet épisode crée de sérieux doutes, pas seulement chez moi, mais aussi chez plusieurs étudiants qui sont indignés du résultat de la dernière assemblée. Vous devez savoir que, depuis notre arrivée au Cégep de Rimouski en août 2010, les bonzes de l’AGECR n’ont pas cessé de nous présenter une série d’arguments exclusivement pour l’adoption d’une grève générale illimitée. Ceux-ci posaient des affiches, distribuaient des mémos et organisaient des activités pro-grève au Cégep. En aucun cas nous n’avons entendu d’arguments contre une grève venant des gros noms de l’AGECR. Ceux-ci venaient même dans les classes et à la cafétéria pour tenter de nous rallier à leur cause. Propagande? Nous ne savons pas. Mais nous trouvons que la neutralité est bien loin dans cette histoire là. Il semble que notre association étudiante fait fit de la démocratie et qu’elle désire la grève malgré la volonté de la majorité des étudiants.
Tout cela pour dire que nous croyons que la reconduction de la grève générale illimitée au Cégep de Rimouski s’est déroulée dans un climat antidémocratique. Nous trouvons cela très dommage dans la mesure où nous, les jeunes, blâmons souvent les autorités politiques d’agir avec peu d’éthique démocratique.
Tout le monde se doit d’avoir ses opinions et de les défendre. C’est de cette façon que nous pouvons avancer en tant que société. De plus, nous croyons que l'ensemble des étudiants comprennent ce fait: Que nous soyons pour ou contre quelque chose, dans la vie, les règles de démocratie et d’éthique politique se doivent d’être respectées.
Veuillez agréer l’expression de nos sentiments les plus distingués.
Jean-François Rioux, Simon Roy Grenier, Alexandre Vachon, Emmanuel Bérubé, Claude Viel