Proverbe/citation
du jour
«Les
gens qui aiment ne doutent de rien, ou doutent de tout.» -Balzac
(Honoré de)
Agathe Lepage Beaulieu, 23 août 1946-23 juillet 2006 |
Merci Mom pour
m'avoir aidé à compléter des études et pour tout le reste!
C'est
la fête des Mères aujourd'hui. Vous voulez savoir ce qu'est ma plus
grande frustration en un jour comme celui-ci? C'est le fait que je ne
puisse pas gâter ma propre mère, pour tout ce qu'elle a fait pour
moi et ma famille sa vie durant.
Ma
mère, Agathe Lepage Beaulieu, est morte dans mes bras, d'une crise
cardiaque, à Causapscal, sa ville natale, durant les célébrations
de Fort Causap, le 23 juillet 2006, précisément un mois avant son
60e anniversaire. Pendant une quinzaine de minutes, j'ai fait du RCR
avec ma tante (l'unique soeur de ma mère) en attendant l'arrivée
des secours, mais tout cela a été en vain. Ce détail, je le
précise pour vous faire savoir que même si cela ne veut pas dire
que vous pourrez sauver la vie d'une personne en cas d'incident, le
fait d'être formé en réanimation n'est jamais perdu et aussi que
lorsque vous avez à le faire, comme on dit en anglais, « Training
kicks in » et instinctivement, vous pourrez le faire. Je
doutais personnellement d'en être capable suite à ma formation mais
quand le temps est venu tout m'est revenu en mémoire. On devrait
inclure une telle formation dans le curriculum au niveau secondaire
pour tous les jeunes au Québec au lieu de leurs donner des cours
d'éthique et de culture religieuse qui servent à faire de
l'ingénierie sociale si vous voulez mon avis, mais ça c'est autre
choses alors je ne m'y attarde pas davantage.
Et ma
maman, pour en revenir à elle? En pensant à la fête des mères,
avec le conflit étudiant qui est en cours, je me rappelle de mes
propres études et de tous les sacrifices réalisés par celle-ci
durant des années pour que je les accomplisse.
D'abord,
je me rappelle que pratiquement tous les montants liés à mes
allocations d'économie familiale, versées à partir de mai 1971
(j'ai ici mon carnet de dépôt original de la Banque Canadienne
Nationale qui indique un dépôt au montant de 12 dollars le 25 mai
1971, photo à l'appui) ont été mis de côté pour mes études
supérieures par mes parents. Mon secondaire V dans un établissement
privé de la région de Québec a été payé par ces fonds cumulés
durant des années.
Mon premier carnet de banque que je conserve précieusement. Un premier dépôt au montant de 12$, représentant mes allocations familiales pour avril et mai 1971, figure comme première entrée. |
Je me
rappelle aussi que contrairement à certaines femmes qui balancent
leurs enfants à la garderie pour aller travailler afin de payer leur
piscine ou un voyage dans le Sud, ma propre mère a choisi
volontairement de demeurer à la maison pour s'occuper de moi et de
ma soeur jusqu'à ce que nous soyons en âge de nous débrouiller au
retour de l'école (j'étais à ce moment en sixième année et ma
soeur en deuxième.) Chaque semaine, une portion de son salaire était
mise de côté pour nos études. Pour ma part, j'ai travaillé à
titre d'employé étudiant durant l'été de 1989 à 1993, et aussi
comme animateur radiophonique (mes débuts dans le domaine!) de la
fin de l'année 1991 jusqu'à 1993 lorsque je passais en région
durant les divers congés scolaires, et ce que je gagnais servait à
payer une partie de mes frais divers jusqu'à ce que le montant soit
à zéro et mes parents prenaient ensuite le relais.
Je
n'ai eu droit à des prêts qu'en quelques occasions durant mes
études à Québec qui se sont échelonnées de 1987 à 1993, le
temps que je complète mon baccalauréat en enseignement du français
au secondaire à l'Université Laval. Le gouvernement considérait
que mes parents gagnaient suffisamment pour qu'on n'ait pas à me
fournir d'argent supplémentaire.
Ma
mère payait les frais liés à mon logement et le téléphone entre
autres, tandis que mon père payait les frais de scolarité. Durant
ces six années, j'ai disposé d'un montant total de 150$ par deux
semaines pour mes dépenses diverses incluant ma bouffe et mes
sorties, montant qui n'a jamais été indexé. Mon appartement
n'était que chichement meublé, je n'avais pas de voiture, pas de
câble (seulement une télé couleur 13 pouces avec des oreilles de
lapin), pas de vidéo VHS, pas de voiture, pas d'ordinateur, pas de
vêtements dernier cri, et je n'avais tout simplement pas le moyen de
me payer des voyages dans le Sud ou d'autres petits luxes. Tiens, les
250$ que mes parents m'ont donnés et qui auraient pu me servir à
payer mon voyage en Floride pour le «Goose Break» de 1989, je les
ai utilisés pour acheter un four micro-ondes qui a servi à moi et à
ma soeur jusqu'à la fin de nos études, un investissement que je
n'ai jamais regretté!
Retenez
bien que je ne mets pas tous les étudiants du passé et du présent
dans le même sac en m'exprimant sur le sujet. J'ai connu beaucoup
d'entre eux, des jeunes consciencieux, qui ont travaillé fort et
réalisé des sacrifices plus grands encore que les miens pour
réussir, certains qui se sont endettés et qui ont dû rembourser
par la suite parce que leurs parents avaient moins de moyens que les
miens (j'admire sincèrement tous ces gens) mais quand je vois
quelques bébés gâtés «faire le bacon», tirer des roches aux
policiers, balancer des fumigènes dans le métro, ou brailler par
rapport à «l'injustice sociale» et au besoin d'une « révolution »
comme le fait Gabriel Nadeau-Dubois, l'ex-étudiant devenu
travailleur et contribuable que je suis EST EN CHRIST!
Le
fait de payer via mes impôts les études des quelque 10% de jeunes
qui n'ont vraiment pas les moyens d'aller aux études me fait plaisir
parce que je sais que je supporte ce que je crois être une noble
cause et que beaucoup de ces jeunes l'apprécient et sauront le
rendre à la société plus tard, mais de penser qu'en plus beaucoup
d'autres jeunes qui seraient capables de travailler et dont les
parents en ont les moyens me demandent de payer leurs études, alors
qu'ils se paient un train de vie que je ne pouvais pas me payer comme
étudiant, tout comme plein d'autres gens, ben ça, non, ça passe
pas!
Je ne
suis pas plus intéressé non plus comme contribuable de financer les
études de bébés gâtés qui manifestent actuellement et qui sont
souvent, l'avez-vous remarqué, des étudiants dans ce qu'on peut
appeler les «sciences molles» (sociologie, philosophie,
anthropologie, études littéraires, histoire, etc.) des domaines
souvent aux débouchés limités. Il y en a qui vont crier au meurtre
parce que j'utilise l'expression « sciences molles »,
alors j'ajoute juste en passant que j'ai moi-même complété un DEC
général en sciences humaines sans mathématiques et que j'ai étudié
en enseignement au niveau secondaire dans ce qui est un mélange de
langue et littérature française, en linguistique et en pédagogie.
Ai-je besoin de vous dire que parce qu'à cette époque déjà
j'étais contre la souveraineté du Québec, que je préconisais
malgré tout l'accès à l'enseignement en anglais aux francophones
et que de part mes antécédents familiaux je croyais déjà aussi à
des valeurs comme le travail et une plus grande place dans la société
aux entreprises privées, je n'avais pas beaucoup d'amis parmi mes
condisciples majoritairement à tendance plus souverainiste,
socialiste et syndicaliste???
Peut-être est-ce surtout
parce que je suis un chemin similaire à celui tracé par mes
parents, qui y ont pendant des années toujours pensé à deux fois
avant de réaliser une dépense et qui ont choisi à la place de
mettre de l'argent de côté en fonction de l'avenir, en inculquant
chez leurs enfants le concept que les sacrifices actuels apportent
des fruits plus tard, mais quand je vois des jeunes d'aujourd'hui se
payer des études dans des champs qui ont des débouchés limités,
alors qu'ils le savent très bien et qui nous demandent en plus de
leur payer ces études au nom de la justice sociale, et qu'en plus
ils descendent dans la rue et que leurs manifestations se terminent
en casse et qu'ils ne veulent pas assumer leur part de responsabilité
dans tout ça, je ne peux m'empêcher d'être en colère. Il y a trop
de gens présentement au Québec, pas seulement des étudiants, qui
veulent à la fois le beurre et l'argent du beurre et qui n'assument
pas leurs responsabilités personnelles et ça, il faut que ça
change!
Je conclue en mentionnant
que si votre mère est encore vivante, profitez-en pour la gâter
pour ce qu'elle a fait pour vous en ce jour spécial. Je commençais
à peine à le faire vraiment avec la mienne quand elle est décédée
en 2006 et cela me laisse encore quelque peu amer aujourd'hui. En
relatant mon parcours d'études et les sacrifices que celle-ci a fait
pour moi, j'espère accomplir un petit plus pour vous et je suis sûr
qu'elle en serait heureuse.
Bonne journée à vous
tous, et spécialement, bonne fête des mères à toutes les mamans!
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