Proverbe/citation
du jour
“J’ai des tas d’idées brillantes et nouvelles, mais les
brillantes ne sont pas nouvelles, et les nouvelles ne sont pas
brillantes.”-Marcel Achard
La
disparition des régions de la carte médiatique du Québec
Les
régions disparaissent de la carte médiatique du Québec. C'est
le constat qui ressort du bilan de la nouvelle 2015 d'Influence
Communication.
Le
président de l'entreprise, Jean-François Dumas, rapporte que « 91
% des nouvelles au Québec viennent de trois régions : Montréal,
Québec et Saguenay. Toutes les autres régions se partagent 9 %.
C'est très peu. »
Qu'est-ce
qui peut bien expliquer le phénomène? J'ai ma théorie sur le
sujet, mais d'abord, un retour en arrière...
Je me
souviens encore de mes premiers moments radio, je devais avoir huit
ou neuf ans, tout au plus, et je m'endormais avec un petit radio
transistor AM orange que je glissais sous mon oreiller. Il m'arrivait
d'entendre les monologues d'Yvon Deschamps que l'animateur de nuit
faisait tourner, et à cette époque, la station locale, CJMC 1490,
avait une équipe de nouvelle locale, un vendeur publicitaire, un
directeur de programmation, etc. Les développements technologiques
ont graduellement modifié le paysage médiatique régional,
notamment lorsque sont apparues deux coupoles dans la cour de la
station, un grande pour la programmation réseau, et une petite pour
un téléscripteur Telbec qui était installé dans la salle de
nouvelles, au sous-sol.
C'est
quand de grands réseaux médiatiques ont commencé à absorber les
stations et les petits réseaux des régions que le tout s'est mis en
branle, avec par exemple l'obligation pour les stations affiliées à
Radiomutuel et à Télémédia de transmettre des bulletins de
nouvelles et des émissions réseau. La situation est allée en
s'empirant, quand par la suite, ces deux réseaux ont été fusionnés
pour créer Radiomédia.
J'ai
moi-même travaillé comme animateur à CJMC, à partir de la fin du
mois de décembre 1991, étant sur appel jusqu'en novembre 1993,
moment à partir duquel j'ai eu un emploi régulier en fin
d'après-midi, car mes études étaient terminées et j'étais revenu
en région. J'ai donc été témoins de profonds changements. Les
heures de programmation locale se sont graduellement rétrécies. La
programmation locale qui se terminait à 22h quand j'étais encore en
secondaire III arrivait à son terme à 20h en 1993, puis à 18h.
De nos
jours, CJMC n'a même plus un animateur en studio. Tout se fait à
distance, par ordinateur. J'ai été le dernier animateur « live »
local, animant en direct à partir du studio, jusqu'à mon
congédiement, qui a par la suite été considéré comme injuste par
un arbitre, le 12 novembre 2011.
Dès le
moment où de grandes compagnies ont absorbé les stations régionales
dans les années 70-80, on a assisté à une "urbanisation"
de l'information, comme si le trafic sur le pont Jacques-Cartier
intéresse les gens de la Gaspésie lors des émissions réseau en
soirée…
Je ne
sais plus quel réseau voulait forcer CJMC à diffuser "Bonsoir
les sportifs" et le baseball des Expos sur les ondes locales
mais le fait est là : les gens de mon coin ne voulaient voulait rien
savoir des lignes ouvertes sportives à l'heure du souper, et le
baseball, contrairement au hockey, ne « pognait pas ».
Par contre, les lignes ouvertes de nuit avec Jacques Fabi et André
Pelletier, oui!
Qui
plus est, la réduction des revenus publicitaires a entraîné des
coupures et les ressources de nouvelles locales ont aussi été
affectées.
Les
développements technologiques ont donc entraîné la disparition
graduelle de la présence humaine locale dans les stations. Il est
normal qu'on entende moins parler des régions : il n'y a plus
personne pour y couvrir l'actualité! Seules les régions ayant une
population assez importante ont encore des bulletins de nouvelles
plus élaborés, d'où la raison pourquoi Montréal, Québec et le
Saguenay ont du poids médiatiquement.
Le fait
qu'Internet facile le travail ne mènera jamais à une amélioration
de la situation. Au contraire, elle va encore se dégrader. Ce qui
donnait de la valeur au travail d'un journaliste, c'était ses liens
privilégiés avec les gens l'alimentant en nouvelles, et parce que
tout va encore plus vite, il devient difficile, voire même
impossible, de produire du matériel de qualité.
Que
dire de la relève formée dans les écoles de radio, par l'ATM de
Jonquière ou par les écoles de journalisme universitaires? Il
suffit de lire ou d'écouter ce que produisent les artisans des
médias sortis plus récemment des écoles de formation pour
constater à quel point ça va mal. Aussi, de nos jours, avec
Facebook et les autres sites du genre, n'importe qui peut devenir
« journaliste ».
Voilà
à quoi ressemble ma vision du phénomène.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de faire parvenir votre commentaire. Il apparaîtra sur la page suite à son approbation.