mercredi 16 décembre 2015

Le 16 décembre 2015

Proverbe/citation du jour
“J’ai des tas d’idées brillantes et nouvelles, mais les brillantes ne sont pas nouvelles, et les nouvelles ne sont pas brillantes.”-Marcel Achard


La disparition des régions de la carte médiatique du Québec
Les régions disparaissent de la carte médiatique du Québec. C'est le constat qui ressort du bilan de la nouvelle 2015 d'Influence Communication.

Le président de l'entreprise, Jean-François Dumas, rapporte que « 91 % des nouvelles au Québec viennent de trois régions : Montréal, Québec et Saguenay. Toutes les autres régions se partagent 9 %. C'est très peu. »

Qu'est-ce qui peut bien expliquer le phénomène? J'ai ma théorie sur le sujet, mais d'abord, un retour en arrière...

Je me souviens encore de mes premiers moments radio, je devais avoir huit ou neuf ans, tout au plus, et je m'endormais avec un petit radio transistor AM orange que je glissais sous mon oreiller. Il m'arrivait d'entendre les monologues d'Yvon Deschamps que l'animateur de nuit faisait tourner, et à cette époque, la station locale, CJMC 1490, avait une équipe de nouvelle locale, un vendeur publicitaire, un directeur de programmation, etc. Les développements technologiques ont graduellement modifié le paysage médiatique régional, notamment lorsque sont apparues deux coupoles dans la cour de la station, un grande pour la programmation réseau, et une petite pour un téléscripteur Telbec qui était installé dans la salle de nouvelles, au sous-sol.

C'est quand de grands réseaux médiatiques ont commencé à absorber les stations et les petits réseaux des régions que le tout s'est mis en branle, avec par exemple l'obligation pour les stations affiliées à Radiomutuel et à Télémédia de transmettre des bulletins de nouvelles et des émissions réseau. La situation est allée en s'empirant, quand par la suite, ces deux réseaux ont été fusionnés pour créer Radiomédia.

J'ai moi-même travaillé comme animateur à CJMC, à partir de la fin du mois de décembre 1991, étant sur appel jusqu'en novembre 1993, moment à partir duquel j'ai eu un emploi régulier en fin d'après-midi, car mes études étaient terminées et j'étais revenu en région. J'ai donc été témoins de profonds changements. Les heures de programmation locale se sont graduellement rétrécies. La programmation locale qui se terminait à 22h quand j'étais encore en secondaire III arrivait à son terme à 20h en 1993, puis à 18h.

De nos jours, CJMC n'a même plus un animateur en studio. Tout se fait à distance, par ordinateur. J'ai été le dernier animateur « live » local, animant en direct à partir du studio, jusqu'à mon congédiement, qui a par la suite été considéré comme injuste par un arbitre, le 12 novembre 2011.

Dès le moment où de grandes compagnies ont absorbé les stations régionales dans les années 70-80, on a assisté à une "urbanisation" de l'information, comme si le trafic sur le pont Jacques-Cartier intéresse les gens de la Gaspésie lors des émissions réseau en soirée…

Je ne sais plus quel réseau voulait forcer CJMC à diffuser "Bonsoir les sportifs" et le baseball des Expos sur les ondes locales mais le fait est là : les gens de mon coin ne voulaient voulait rien savoir des lignes ouvertes sportives à l'heure du souper, et le baseball, contrairement au hockey, ne « pognait pas ». Par contre, les lignes ouvertes de nuit avec Jacques Fabi et André Pelletier, oui!

Qui plus est, la réduction des revenus publicitaires a entraîné des coupures et les ressources de nouvelles locales ont aussi été affectées.

Les développements technologiques ont donc entraîné la disparition graduelle de la présence humaine locale dans les stations. Il est normal qu'on entende moins parler des régions : il n'y a plus personne pour y couvrir l'actualité! Seules les régions ayant une population assez importante ont encore des bulletins de nouvelles plus élaborés, d'où la raison pourquoi Montréal, Québec et le Saguenay ont du poids médiatiquement.

Le fait qu'Internet facile le travail ne mènera jamais à une amélioration de la situation. Au contraire, elle va encore se dégrader. Ce qui donnait de la valeur au travail d'un journaliste, c'était ses liens privilégiés avec les gens l'alimentant en nouvelles, et parce que tout va encore plus vite, il devient difficile, voire même impossible, de produire du matériel de qualité.

Que dire de la relève formée dans les écoles de radio, par l'ATM de Jonquière ou par les écoles de journalisme universitaires? Il suffit de lire ou d'écouter ce que produisent les artisans des médias sortis plus récemment des écoles de formation pour constater à quel point ça va mal. Aussi, de nos jours, avec Facebook et les autres sites du genre, n'importe qui peut devenir « journaliste ».

Voilà à quoi ressemble ma vision du phénomène.


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