mercredi 29 juin 2016

Le 29 juin 2016


Proverbe/citation du jour
“Devenir ou ne pas devenir... De peur d'être?”-Deborah Ruffato


Des oublis majeurs dans le court métrage « Du souvenir au devenir »
Un court métrage de Sarah L'Italien, «Du souvenir au devenir», est maintenant disponible via Youtube :


Dans ce documentaire, basé sur une idée originale de Monique Campion, on peut voir des extraits inédits de films anciens réalisés par monsieur Charles Faucon durant les années 1950, à Sainte-Anne-des-Monts.

Ce film est fort intéressant, car il nous permet de revoir des bâtisseurs de notre région, notamment Claude Jourdain, Benoît Jean et aussi Camille Michaud. Y est aussi présent le docteur Gaétan Lemire, que j'ai immédiatement reconnu, car j'ai subi deux opérations de ses mains, une pour une crise d'appendicite, en 1978, et une autre pour mes amygdales, en 1979. En effectuant une courte recherche pour savoir ce qu'il est advenu du docteur Lemire et j'ai découvert qu'il est décédé en 2005.

S'il est vrai que des mouvements coopératifs ont permis à notre région de se développer, comme on le mentionne dans la narration, je crois noter deux oublis majeurs à propos d'événements qui ont eu, à mon avis du moins, un impact fort important dans le développement économique de Sainte-Anne-des-Monts.

Le premier oubli est celui de l'ouverture du magasin People's, sur la 1re Avenue Ouest, à Sainte-Anne-des-Monts, au tournant des années 1950 et 1960. À cette époque, la compagnie de magasins à rayons souhaitait s'établir à Cap-Chat, mais s'est heurtée à l'opposition de marchands locaux, ce qui a finalement mené à l'ouverture d'une succursale dans le village voisin. J'aimerais bien retrouver un extrait du journal La Voix gaspésienne de l'époque que j'ai lu, il y a de cela plusieurs années, où il en était fait mention.

En quoi peut-on estimer que l'ouverture du People's a été un point tournant au niveau économique? Cela s'explique par le fait que ce magasin a orienté le trafic commercial en direction de Sainte-Anne-des-Monts, un village qui, à l'époque, plus petit que Cap-Chat et même le village situé plus à l'Est, Saint-Joachim-des-deux-Tourelles, si ma mémoire ne manque pas. Ce phénomène explique peut-être même pourquoi divers services gouvernementaux se sont développés par la suite à Sainte-Anne-des-Monts, que ce soit la polyvalente locale ou bien l'hôpital. D'ailleurs, parlant de la polyvalente, j'ai eu vent qu'à l'origine, celle-ci devait compter un niveau plancher et deux étages, mais le deuxième étage aurait été « déplacé » vers Cap-Chat, à cause de la grogne populaire. Que l'on me corrige si je fais erreur.

L'autre oubli du documentaire, plus grand encore, est celui de l'ouverture des Mines Madeleine, à la fin des années 1960. Le gisement a été découvert en 1964 et, après une pause durant les années 1970, l'exploitation a repris jusqu'à la fermeture définitive, en 1982. C'est surtout grâce à ce boum économique minier que Sainte-Anne-des-Monts est devenu la ville la plus importante du Nord de la Gaspésie. 

Sans les Mines Madeleine, jamais notre ville ne se serait développée autant sur le plan social et économique. Il suffit de jaser avec des personnes plus âgées qui ont connu l'effervescence de cette époque pour mieux comprendre. Les bars du coin roulaient même en plein milieu de la semaine alors. Il ne faut pas oublier la mine de cuivre de Murdochville, également, dont l'impact se faisait aussi sentir chez nous. Cette mine a quant à elle été en opérations de 1955 à 1999, ce qui n'est pas rien, d'autant plus qu'on prévoyait à son ouverture qu'elle serait productive durant tout au plus quatre ou cinq ans.

Oui, le mouvement coopératif a eu une influence positive sur notre milieu, mais sans la présence de compagnies privées de plus grande importance et de bureaux gouvernementaux, Sainte-Anne-des-Monts ressemblerait bien plus à Marsoui ou Mont-Louis qu'autre chose de nos jours. On ne mentionne rien de cela dans le documentaire et je trouve le tout dommage.

Les coopératives c'est bien beau, et oui, dans le contexte actuel, leur renaissance est souhaitable, mais il ne faut pas non plus oublier le fait que sans industries de plus grande importance, notre milieu n'évoluera pas, et ce ne seront certainement pas les totems en bois flotté qu'on plante un peu partout qui vont amener de l'argent chez nous.

Je souligne une fois de plus ce qui est à mon avis la pire connerie économique et sociale qui a frappé notre région au cours des 50 dernières années : le démantèlement du secteur professionnel à l'école polyvalente locale, au milieu des années 1980. Nous remontons tranquillement la pente grâce à l'implantation de programmes comme celui des monteurs de ligne et un autre en plomberie et chauffage, mais il ne faut pas s'arrêter là.

Rien ne dit qu'un jour les mines n'ouvriront pas à nouveau, et le sous-sol contient aussi du pétrole et d'autres richesses. Cela aussi, il ne faut pas l'oublier.

Je tiens à conclure en notant l'excellent travail de la cinéaste Sarah L'Italien et des autres personnes impliquées dans le projet. Mis à part ce que je considère ces deux "oublis", le documentaire est fort intéressant.

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