dimanche 13 mai 2012

Sujet du 13 mai 2012


Proverbe/citation du jour
«Les gens qui aiment ne doutent de rien, ou doutent de tout.» -Balzac (Honoré de)

Agathe Lepage Beaulieu, 23 août 1946-23 juillet 2006

Merci Mom pour m'avoir aidé à compléter des études et pour tout le reste!
C'est la fête des Mères aujourd'hui. Vous voulez savoir ce qu'est ma plus grande frustration en un jour comme celui-ci? C'est le fait que je ne puisse pas gâter ma propre mère, pour tout ce qu'elle a fait pour moi et ma famille sa vie durant.

Ma mère, Agathe Lepage Beaulieu, est morte dans mes bras, d'une crise cardiaque, à Causapscal, sa ville natale, durant les célébrations de Fort Causap, le 23 juillet 2006, précisément un mois avant son 60e anniversaire. Pendant une quinzaine de minutes, j'ai fait du RCR avec ma tante (l'unique soeur de ma mère) en attendant l'arrivée des secours, mais tout cela a été en vain. Ce détail, je le précise pour vous faire savoir que même si cela ne veut pas dire que vous pourrez sauver la vie d'une personne en cas d'incident, le fait d'être formé en réanimation n'est jamais perdu et aussi que lorsque vous avez à le faire, comme on dit en anglais, « Training kicks in » et instinctivement, vous pourrez le faire. Je doutais personnellement d'en être capable suite à ma formation mais quand le temps est venu tout m'est revenu en mémoire. On devrait inclure une telle formation dans le curriculum au niveau secondaire pour tous les jeunes au Québec au lieu de leurs donner des cours d'éthique et de culture religieuse qui servent à faire de l'ingénierie sociale si vous voulez mon avis, mais ça c'est autre choses alors je ne m'y attarde pas davantage.

Et ma maman, pour en revenir à elle? En pensant à la fête des mères, avec le conflit étudiant qui est en cours, je me rappelle de mes propres études et de tous les sacrifices réalisés par celle-ci durant des années pour que je les accomplisse.

D'abord, je me rappelle que pratiquement tous les montants liés à mes allocations d'économie familiale, versées à partir de mai 1971 (j'ai ici mon carnet de dépôt original de la Banque Canadienne Nationale qui indique un dépôt au montant de 12 dollars le 25 mai 1971, photo à l'appui) ont été mis de côté pour mes études supérieures par mes parents. Mon secondaire V dans un établissement privé de la région de Québec a été payé par ces fonds cumulés durant des années.

Mon premier carnet de banque que je conserve précieusement. Un premier dépôt au montant de 12$, représentant mes allocations familiales pour avril et mai 1971, figure comme première entrée.


Je me rappelle aussi que contrairement à certaines femmes qui balancent leurs enfants à la garderie pour aller travailler afin de payer leur piscine ou un voyage dans le Sud, ma propre mère a choisi volontairement de demeurer à la maison pour s'occuper de moi et de ma soeur jusqu'à ce que nous soyons en âge de nous débrouiller au retour de l'école (j'étais à ce moment en sixième année et ma soeur en deuxième.) Chaque semaine, une portion de son salaire était mise de côté pour nos études. Pour ma part, j'ai travaillé à titre d'employé étudiant durant l'été de 1989 à 1993, et aussi comme animateur radiophonique (mes débuts dans le domaine!) de la fin de l'année 1991 jusqu'à 1993 lorsque je passais en région durant les divers congés scolaires, et ce que je gagnais servait à payer une partie de mes frais divers jusqu'à ce que le montant soit à zéro et mes parents prenaient ensuite le relais.

Je n'ai eu droit à des prêts qu'en quelques occasions durant mes études à Québec qui se sont échelonnées de 1987 à 1993, le temps que je complète mon baccalauréat en enseignement du français au secondaire à l'Université Laval. Le gouvernement considérait que mes parents gagnaient suffisamment pour qu'on n'ait pas à me fournir d'argent supplémentaire.

Ma mère payait les frais liés à mon logement et le téléphone entre autres, tandis que mon père payait les frais de scolarité. Durant ces six années, j'ai disposé d'un montant total de 150$ par deux semaines pour mes dépenses diverses incluant ma bouffe et mes sorties, montant qui n'a jamais été indexé. Mon appartement n'était que chichement meublé, je n'avais pas de voiture, pas de câble (seulement une télé couleur 13 pouces avec des oreilles de lapin), pas de vidéo VHS, pas de voiture, pas d'ordinateur, pas de vêtements dernier cri, et je n'avais tout simplement pas le moyen de me payer des voyages dans le Sud ou d'autres petits luxes. Tiens, les 250$ que mes parents m'ont donnés et qui auraient pu me servir à payer mon voyage en Floride pour le «Goose Break» de 1989, je les ai utilisés pour acheter un four micro-ondes qui a servi à moi et à ma soeur jusqu'à la fin de nos études, un investissement que je n'ai jamais regretté!

Retenez bien que je ne mets pas tous les étudiants du passé et du présent dans le même sac en m'exprimant sur le sujet. J'ai connu beaucoup d'entre eux, des jeunes consciencieux, qui ont travaillé fort et réalisé des sacrifices plus grands encore que les miens pour réussir, certains qui se sont endettés et qui ont dû rembourser par la suite parce que leurs parents avaient moins de moyens que les miens (j'admire sincèrement tous ces gens) mais quand je vois quelques bébés gâtés «faire le bacon», tirer des roches aux policiers, balancer des fumigènes dans le métro, ou brailler par rapport à «l'injustice sociale» et au besoin d'une « révolution » comme le fait Gabriel Nadeau-Dubois, l'ex-étudiant devenu travailleur et contribuable que je suis EST EN CHRIST!

Le fait de payer via mes impôts les études des quelque 10% de jeunes qui n'ont vraiment pas les moyens d'aller aux études me fait plaisir parce que je sais que je supporte ce que je crois être une noble cause et que beaucoup de ces jeunes l'apprécient et sauront le rendre à la société plus tard, mais de penser qu'en plus beaucoup d'autres jeunes qui seraient capables de travailler et dont les parents en ont les moyens me demandent de payer leurs études, alors qu'ils se paient un train de vie que je ne pouvais pas me payer comme étudiant, tout comme plein d'autres gens, ben ça, non, ça passe pas!

Je ne suis pas plus intéressé non plus comme contribuable de financer les études de bébés gâtés qui manifestent actuellement et qui sont souvent, l'avez-vous remarqué, des étudiants dans ce qu'on peut appeler les «sciences molles» (sociologie, philosophie, anthropologie, études littéraires, histoire, etc.) des domaines souvent aux débouchés limités. Il y en a qui vont crier au meurtre parce que j'utilise l'expression « sciences molles », alors j'ajoute juste en passant que j'ai moi-même complété un DEC général en sciences humaines sans mathématiques et que j'ai étudié en enseignement au niveau secondaire dans ce qui est un mélange de langue et littérature française, en linguistique et en pédagogie. Ai-je besoin de vous dire que parce qu'à cette époque déjà j'étais contre la souveraineté du Québec, que je préconisais malgré tout l'accès à l'enseignement en anglais aux francophones et que de part mes antécédents familiaux je croyais déjà aussi à des valeurs comme le travail et une plus grande place dans la société aux entreprises privées, je n'avais pas beaucoup d'amis parmi mes condisciples majoritairement à tendance plus souverainiste, socialiste et syndicaliste???

Peut-être est-ce surtout parce que je suis un chemin similaire à celui tracé par mes parents, qui y ont pendant des années toujours pensé à deux fois avant de réaliser une dépense et qui ont choisi à la place de mettre de l'argent de côté en fonction de l'avenir, en inculquant chez leurs enfants le concept que les sacrifices actuels apportent des fruits plus tard, mais quand je vois des jeunes d'aujourd'hui se payer des études dans des champs qui ont des débouchés limités, alors qu'ils le savent très bien et qui nous demandent en plus de leur payer ces études au nom de la justice sociale, et qu'en plus ils descendent dans la rue et que leurs manifestations se terminent en casse et qu'ils ne veulent pas assumer leur part de responsabilité dans tout ça, je ne peux m'empêcher d'être en colère. Il y a trop de gens présentement au Québec, pas seulement des étudiants, qui veulent à la fois le beurre et l'argent du beurre et qui n'assument pas leurs responsabilités personnelles et ça, il faut que ça change!

Je conclue en mentionnant que si votre mère est encore vivante, profitez-en pour la gâter pour ce qu'elle a fait pour vous en ce jour spécial. Je commençais à peine à le faire vraiment avec la mienne quand elle est décédée en 2006 et cela me laisse encore quelque peu amer aujourd'hui. En relatant mon parcours d'études et les sacrifices que celle-ci a fait pour moi, j'espère accomplir un petit plus pour vous et je suis sûr qu'elle en serait heureuse.

Bonne journée à vous tous, et spécialement, bonne fête des mères à toutes les mamans!

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