mercredi 29 février 2012

Sujets du 29 février 2012

Proverbe/citation du jour
«Le souvenir du bonheur n'est plus du bonheur;
le souvenir de la douleur est de la douleur encore.»
Byron (George Gordon, lord)

La Gaspésie, une nouvelle Alberta?

Dans son édition du 25 février dernier, le journal Le Devoir rapporte dans un article que l'entreprise Pétrolia compte forer dans un secteur de la Gaspésie qui pourrait contenir 100 millions de barils de pétrole, ce qui représente un potentiel monétaire de 100 milliards de dollars. La structure géologique explorée est similaire à celle qui a entraîné le premier boum pétrolier en Alberta il y a de cela des années, et en plus de la Gaspésie, il y a aussi Anticosti! André Proulx, de la compagnie Pétrolia, estime que le potentiel pourrait même aller jusqu'à 300 millions de barils.

Les recherches actuellement en cours dans le secteur de Gaspé ont permis jusqu'à maintenant d'extraire du pétrole qui a généré des revenus de l'ordre de 216 000$. Cet or noir a été traité à la raffinerie de Lévis. L'entreprise a déjà acquis un terrain près du port de Gaspé et envisage d'expédier le pétrole brut par voie maritime ou bien ferroviaire vers les grands centres.

Tout cela pour dire qu'on peut envisager la possibilité que l'industrie pétrolière deviennent le moteur de développement économique de la Gaspésie dans son ensemble, et ici on ne parle que de pétrole. Il y a aussi l'industrie gazière qui pourrait aller de l'avant.

Ce que je trouve déplorable, ce sont les commentaires de plusieurs personnes, qui commentent la nouvelle en parlant de destruction de l'environnement, d'exploitation par des entreprises capitalistes, etc. Comme il fallait s'y attendre, les « nonistes » du genre qu'on peut associer à la théorie du melon d'eau (dont je vous faisais justement mention hier dans un billet) se font encore aller le clapet et ont l'idée fermée à tout développement en ce sens.

J'ai vu de mes yeux ce que donne l'exploration pétrolière dans un milieu similaire à la Gaspésie. C'était entre 2000 et 2002, dans la péninsule de Port au Port, sur la côte ouest de Terre-Neuve, où j'étais enseignant. Un petit puits était exploité. C'était déjà une avancée majeure dans cette région où le chômage frappe durement : des équipes albertaines étaient sur place avec d'autres travailleurs liés au projet et il était difficile de trouver un endroit pour loger dans un de ces petits villages, qui ont tous grosso modo la taille de Mont-Saint-Pierre ou Marsoui, tout le tour de cette péninsule terre-neuvienne.

L'exploration pétrolière en Gaspésie, ça peut vouloir dire des centaines d'emplois. Peut-être que nous devrions faire venir des travailleurs qualifiés d'ailleurs, mais ces gens devraient tout de même vivre ici et toute l'activité économique se répercuterait sur la région. Je note aussi qu'on envisage le transport du pétrole par rails. Ce serait une raison majeure pour la réfection de la ligne qui va de Gaspé à Matapédia, qui aurait besoin de réparations pour des millions de dollars, ce qui est difficile à justifier actuellement.

Quand j'entends des gens chigner qu'on va se faire « fourrer » et que des grandes compagnies vont empocher, et qu'on va vendre la Gaspésie « une cenne la tonne », ça me rappelle ce même discours qu'on entends au sujet de la Côte-Nord. En bien, oui : les grandes compagnies ont fait des milliards en extrayant le fer de la roche, oui l'environnement a été affecté, mais de là à dire que le peuple a été exploité, et ben, non! Regardez les infrastructures qui couvrent désormais la Côte-Nord, les emplois que l'on y trouve, pensez à ces gens qui ont décemment gagné leur vie pendant des décennies, parmi eux de nombreux Gaspésiens qui ont pu vivre une belle retraite, alors qu'ils auraient « séché » s'ils étaient demeurés en Gaspésie, et venez me parler « d'exploitation »! Entre un emploi bien payé à la IOC durant des années, avec un bon régime de retraite et les autres avantages, et un emploi dans une « binnerie » gaspésienne qui me permettra à peine de survivre dans cette même période, si vous me donnez le choix, vous n'aurez pas à attendre longtemps pour ma réponse!

Je ne vois pas dans l'exploitation pétrolière en Gaspésie comme si elle allait produire des perdants (nous) et des gagnants (les exploitants). Je vois dans tout ça une situation gagnants-gagnants et je ne vois pas non plus comme un péché le fait que les entrepreneurs gagnent plus que moi dans toute l'histoire, car ce sont eux qui prennent les risques. Ce sont aussi eux qui vont avoir à respecter les normes d'exploitation et qui paieront des redevances, que je souhaite justes soit dit en passant, mais sans étouffer les entreprises pétrolières, et aussi toutes les règles au niveau environnemental. Oui je souhaite aussi qu'on s'assure de tout exploiter dans le respect de l'environnement, ce qui est tout à fait nécessaire selon moi, et cela est justement chose possible.

En fait, dans un tel projet, il n'y a que quelques points qui me chicotent. D'abord, Pétrolia a reçu 3,3 millions de dollars d'«aides gouvernementales à l'exploration» depuis deux ans. Le peuple n'a pas à mon avis à fournir de subventions à des entreprises privées. Aussi, aucun des projets en Gaspésie n'est soumis aux règles de l'évaluation environnementale stratégique, qui a été lancée par le gouvernement Charest pour étudier les industries pétrolière et gazière. J'estime que les règles environnementales doivent être strictes et que l'on doit prendre en considération que la Gaspésie a aussi un potentiel touristique à conserver.

Finalement, que l'on exploite des puits terrestres, ça va, mais l'idée que l'on puisse forer en milieu marin, en plein milieu du golfe, me cause quelques maux d'estomac, surtout quand je pense à ce qui s'est passé dans le golfe du Mexique avec la grande marée noire. Encore là, Terre-Neuve a bien Hibernia, en plein dans une zone où il y a potentiellement des icebergs. On n'y entend jamais parler de désastre et récemment, Terre-Neuve a pour la première fois de son histoire, grâce aux revenus pétroliers, payé pour la péréquation au lieu d'en recevoir, alors que c'était la situation contraire en Ontario!

Donc, lancer l'exploitation du pétrole gaspésien pour en faire l'Alberta du Québec? Pour quoi pas?


Pour plus de détails :

http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/343689/la-gaspesie-une-nouvelle-alberta


Maisons à vendre, villages à vendre?

Dans un récent sondage en lien avec un billet (« Maison à vendre ») que je vous ai proposé le 27 février dernier, je vous demandais si : «La baisse de population en Haute-Gaspésie entraînera tôt ou tard la fermeture de certains villages. » Voici les résultats :

  • Oui : 53%
  • Non : 47%
  • Indécis : 0%

La fermeture de villages où le nombre d'habitants n'est pas suffisant pour le maintien de services semble donc possible pour une faible majorité parmi les répondants.

J'ouvre rapidement une parenthèse ici : si un village est sur le point de fermer, alors pourquoi ne pas offrir la possibilité à une grande compagnie ou à un riche investisseur de l'acquérir? Par exemple, des émirs de l'Arabie Saoudite qui roulent sur l'or pourraient peut-être s'intéresser à un village gaspésien dans lequel ils pourraient venir se reposer et profiter d'activités comme la chasse et la pêche dans le milieu environnant, tout en se promenant en VTT l'été et en motoneige l'hiver.

Si tel était le cas, si par exemple, au lieu d'être exproprié à un prix de misère, un habitant d'un de ces villages se faisait offrir par un richissime investisseur un montant équivalent à deux, trois ou quatre fois la valeur de sa maison, peut-être même plus, quelle serait la meilleure solution pour lui?

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